Un collectif libanais a lancé une opération de plongée sous-marine. Le but est de récolter le plus d’ordures possible afin d’éviter de revivre une crise des déchets.
La prolifération de déchets est un véritable fléau pour l’environnement et énormément d’entre eux finissent dans les mers et océans. On parle d’ailleurs d’un sixième continent composé de déchets plastiques dans l’océan Pacifique et qui représente une zone faisant six fois la France. Récemment, la photographe Caroline Power a posté sur Facebook plusieurs photos prises près des côtes du Honduras sur lesquelles on pouvait voir une mer de déchets. Pire encore, selon la Fondation Ellen MacArthur, si rien n’est fait pour empêcher cela, les eaux pourraient contenir, en poids, plus de déchets que de poissons.
Le tri, un enjeu fort au Liban
Le Liban n’est pas exempt de cette situation. Pour enrayer ce problème, l’association libanaise Live Love Beirut, qui vise à promouvoir chaque mois une nouvelle action avec un impact fort pour le pays, a lancé une campagne de ramassage des déchets. Les membres du collectif (une centaine), recrutés via les réseaux sociaux Facebook et Instagram, font de la plongée sous-marine sur la base du volontariat afin de récolter les détritus abandonnés près des côtes.
« Ce qu’on a vu en bas, ça fait mal au cœur », déplore Christian Nader, un étudiant de 19 ans, en maillot de bain et serviette autour du cou.
Canettes, pneus de voitures, plastiques… Des déchets en tout genre sont repêchés. Pour l’heure, les plongeurs se répartissent les huit plages du programme. « On a organisé cet événement pour montrer comment les ordures affectent nos vies » explique dans une vidéo de l’AFP, reprise par plusieurs médias, Maya Saad, l’organisatrice de l’événement. « On ne demande pas à tout le monde de venir plonger et ramasser des ordures, on veut que les gens réfléchissent chez eux à comment gérer leurs poubelles », précise-t-elle.
Face à l’inertie gouvernementale pour régler la crise des déchets qui dure depuis plusieurs années, des Libanais ont choisi de prendre les choses en main grâce à des initiatives de la société civile et du secteur privé.
Depuis des décennies, les autorités libanaises n’ont jamais réussi à adopter des politiques efficaces de gestion des ordures. Le Liban produit quotidiennement plus de 6.000 tonnes de déchets.
La crainte de la crise de 2015
Après la crise de 2015 et les manifestations inédites de la société civile qu’elle a entraînées, le gouvernement avait approuvé un plan temporaire prévoyant la réouverture de deux anciennes décharges dans les environs de Beyrouth.
Le « temporaire » a tant duré que les deux sites auront atteint leur capacité maximale à l’automne 2018. Les autorités étudieraient la possibilité de les agrandir.
« Le gouvernement doit commencer à réfléchir aux solutions durables de manière sérieuse, commencer à les mettre en place, même petit à petit », déplore Lama Bashour, directrice du cabinet de conseil Ecocentra, qui souligne l’importance « du tri et du recyclage ».
Grâce à des fonds européens, plusieurs centres de tri et de compostage ont été construits. Il y aurait cependant encore plus de 900 dépotoirs sauvages au Liban.
« Les régions qui ne disposent pas des infrastructures de base brûlent les déchets. La plupart des municipalités brûlent leurs poubelles », déplore Farouk Merhebi, spécialiste du secteur.
A Saïda, station balnéaire du sud du Liban, une montagne de poubelles a ainsi fait son apparition en bord de mer, dans l’enceinte d’un centre de traitement des déchets.
Le monticule est fait de résidus ne pouvant être ni recyclés ni compostés et normalement voués à rejoindre une décharge officielle. Mais les habitants attendent toujours que la municipalité construise cette décharge comme promis.
Commentaires récents